Le label Haute Valeur Environnementale (HVE) concurrence le bio et détourne des aides qui pourraient aller à des mesures agroécologiques plus ambitieuses.
Ce concept est séduisant mais ce type de système agricole n’est pas assez ambitieux pour pouvoir prétendre être écologiquement durable et devenir une alternative crédible à l’agriculture chimiquement intensive.
Il est surprenant qu’on ait pu utiliser des mots aussi chargés de sens comme Haute, Valeur, Environnemental, pour un label qui n’interdit pas les pesticides de synthèse dangereux pour la santé. Cette appellation portée par des éléments de langage très vertueux,est trop souvent perçue comme bio ou en conversion vers le bio, ce qui est trompeur pour le consommateur.
Née du Grenelle de l’environnement en 2008 et porté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Au 1er juillet 2023, 37 357 exploitations agricoles sont certifiées Haute Valeur Environnementale. L’orientation principale des exploitations certifiées HVE au 1er juillet 2023 reste majoritairement la viticulture (62,3%)
Chiffres-clés de la Haute Valeur Environnementale par région en juillet 2023
La certification s’obtient pour l’ensemble de la ferme (lieu de production), et non pour un produit, par un cumul de bons points sur divers items. Elle encourage à réduire les engrais et pesticides de synthèse, mais n’y oblige pas – il est donc possible de gagner des points par ailleurs.
Un produit peut donc être estampillé HVE tout en étant aussi chimique qu’un conventionnel.
Obtention de la certification :
Option A approche thématique avec quatre thématiques à valider : biodiversité, phytosanitaires, fertilisation et irrigation.
Le référentiel est composé d’environ 25 critères qui rapportent des points (entre 3 et 10 points chacun). Ces critères sont répartis en 4 thématiques, qui disposent chacune d’environ 30 points potentiels :
1) La préservation de la biodiversité (insectes, arbres, haies, bandes enherbées, fleurs…) ; . – Pourcentage de la SAU en infrastructures agro-écologiques,
– Poids de la culture principale,
– Nombre d’espèces végétales cultivées,
– Nombre d’espèces animales élevées,
– Présence de ruches,
– Nombre de variétés, races ou espèces menacées.
2) La stratégie phytosanitaire ;
– Surfaces non traitées IFT
– Utilisation de méthodes alternatives à la lutte chimiques
– Engagement dans une MAE phyto
– Conditions d’applications des traitements
– Diversité spécifique et variétale
– Enherbement inter-rang
– Recyclage et traitement des eaux d’irrigation
3)La gestion de la fertilisation ;
– bilan azoté,
– pourcentage de la SAU non fertilisé,
– part des surfaces en légumineuses seules dans la SAU,
– utilisation d’outils d’aide à la décision
– couverture des sols.
4)La gestion de la ressource en eau.
– enregistrement des pratiques d’irrigation,
– utilisation d’outils d’aide à la décision,
– utilisation de matériel optimisant les apports d’eau,
– adhésion à une démarche de gestion collective,
– pratiques agronomiques mises en œuvre pour économiser l’eau,
– part des prélèvements sur le milieu en période d’étiage.
Il suffit d’obtenir 10 points par thématique pour être certifié. En d’autres termes, il faut atteindre 10 sur 30 par thématique, soit environ 40 sur 120 pour être de Haute Valeur environnementale.
Non seulement ce seuil est dans l’ensemble très bas, mais il peut être atteint avec un ou plusieurs points faibles qui seraient « compensés » (sur le plan purement comptable et non pas sur le plan environnemental) par un autre point fort.
Avec un référentiel complet et un seuil de certification bas, on obtient une grande hétérogénéité entre les exploitations certifiées : rien de commun entre une exploitation à 40 et une exploitation à 110 vis-à-vis du respect de l’environnement.
Option B approche globale
-Pourcentage de la SAU en infrastructures agro-écologiques supérieur ou égal à 10% ou pourcentage de la Surface Agricole Utile en prairies permanentes de plus de cinq ans supérieur ou égal à 50%.
-Poids des intrants dans le chiffre d’affaires inférieur ou égal à 30% du chiffre d’affaires
Cette solution est plus confortable pour certaines comme la viticulture, qui consacre en moyenne seulement 14 % de leur chiffre d’affaires aux intrants, l’arboriculture ou les élevages intensifs qui auraient un peu de mal avec les 25 critères de l’option A.
Certes, le cahier des charges, dense, va globalement dans le bon sens. Mais il montre de grosses carences. S’il encourage une utilisation raisonnée des intrants et intègre des mesures destinées à préserver la biodiversité (maintien des haies, zones de jachère…) et à économiser les ressources en eau, il n’incite pas à changer de modèle de production, et les productions hors-sol (porcs, volailles, légumes sous serre…) restent autorisées.
Cela ne signifie pas non plus que l’agriculteur a cessé d’utiliser des pesticides et des engrais de synthèse, mais plutôt qu’il a installé une ruche, un nichoir à chauve-souris ou planté une haie… !
Surtout, les pesticides, y compris les plus nocifs, ne sont pas exclus ! La filière viticole, grande consommatrice de ces molécules, ne s’y est pas trompée : avec la HVE, elle peut afficher un logo vert sans bouleverser ses pratiques : les productions qui ont des marges très élevées peuvent facilement continuer à utiliser une grande quantité de pesticides. Pour preuve, la vigne représente 62,3% des exploitations HVE ! Mais il faut reconnaitre que certains viticulteurs ont évolué.
EN CONCLUSION
La HVE n’est pas une alternative à l’utilisation des pesticides. Si cette démarche environnementale est bonne, elle reste largement insuffisante en termes de protection de l’environnement.
Bien sûr, si l’ensemble de l’agriculture française non bio pouvait être en HVE (option A) – l’option B étant bien trop faible et les niveaux 1 et 2 étant sans intérêt -, ce serait un progrès comparé au modèle dominant actuel mais cela resterait insuffisant pour espérer être un modèle agricole réellement durable de toute façon.
La HVE reste donc un leurre de plus à destination des consommateurs, d’autant plus insaisissable qu’il peut y avoir des exploitations HVE vertueuses (car certaines proposent une vraie amélioration de leur système) et des exploitations HVE sans réels progrès (qui se contentent juste du minimum).
Le label Haute Valeur Environnementale (HVE) concurrence le bio et détourne des aides qui pourraient aller à des mesures agroécologiques plus ambitieuses.
Ce concept est séduisant mais ce type de système agricole n’est pas assez ambitieux pour pouvoir prétendre être écologiquement durable et devenir une alternative crédible à l’agriculture chimiquement intensive.
Il est surprenant qu’on ait pu utiliser des mots aussi chargés de sens comme Haute, Valeur, Environnemental, pour un label qui n’interdit pas les pesticides de synthèse dangereux pour la santé. Cette appellation portée par des éléments de langage très vertueux,est trop souvent perçue comme bio ou en conversion vers le bio, ce qui est trompeur pour le consommateur.
Née du Grenelle de l’environnement en 2008 et porté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Au 1er juillet 2023, 37 357 exploitations agricoles sont certifiées Haute Valeur Environnementale. L’orientation principale des exploitations certifiées HVE au 1er juillet 2023 reste majoritairement la viticulture (62,3%)
Chiffres-clés de la Haute Valeur Environnementale par région en juillet 2023
La certification s’obtient pour l’ensemble de la ferme (lieu de production), et non pour un produit, par un cumul de bons points sur divers items. Elle encourage à réduire les engrais et pesticides de synthèse, mais n’y oblige pas – il est donc possible de gagner des points par ailleurs.
Un produit peut donc être estampillé HVE tout en étant aussi chimique qu’un conventionnel.
Obtention de la certification :
Option A approche thématique avec quatre thématiques à valider : biodiversité, phytosanitaires, fertilisation et irrigation.
Le référentiel est composé d’environ 25 critères qui rapportent des points (entre 3 et 10 points chacun). Ces critères sont répartis en 4 thématiques, qui disposent chacune d’environ 30 points potentiels :
1) La préservation de la biodiversité (insectes, arbres, haies, bandes enherbées, fleurs…) ; . – Pourcentage de la SAU en infrastructures agro-écologiques,
– Poids de la culture principale,
– Nombre d’espèces végétales cultivées,
– Nombre d’espèces animales élevées,
– Présence de ruches,
– Nombre de variétés, races ou espèces menacées.
2) La stratégie phytosanitaire ;
– Surfaces non traitées IFT
– Utilisation de méthodes alternatives à la lutte chimiques
– Engagement dans une MAE phyto
– Conditions d’applications des traitements
– Diversité spécifique et variétale
– Enherbement inter-rang
– Recyclage et traitement des eaux d’irrigation
3)La gestion de la fertilisation ;
– bilan azoté,
– pourcentage de la SAU non fertilisé,
– part des surfaces en légumineuses seules dans la SAU,
– utilisation d’outils d’aide à la décision
– couverture des sols.
4)La gestion de la ressource en eau.
– enregistrement des pratiques d’irrigation,
– utilisation d’outils d’aide à la décision,
– utilisation de matériel optimisant les apports d’eau,
– adhésion à une démarche de gestion collective,
– pratiques agronomiques mises en œuvre pour économiser l’eau,
– part des prélèvements sur le milieu en période d’étiage.
Il suffit d’obtenir 10 points par thématique pour être certifié. En d’autres termes, il faut atteindre 10 sur 30 par thématique, soit environ 40 sur 120 pour être de Haute Valeur environnementale.
Non seulement ce seuil est dans l’ensemble très bas, mais il peut être atteint avec un ou plusieurs points faibles qui seraient « compensés » (sur le plan purement comptable et non pas sur le plan environnemental) par un autre point fort.
Avec un référentiel complet et un seuil de certification bas, on obtient une grande hétérogénéité entre les exploitations certifiées : rien de commun entre une exploitation à 40 et une exploitation à 110 vis-à-vis du respect de l’environnement.
Option B approche globale
-Pourcentage de la SAU en infrastructures agro-écologiques supérieur ou égal à 10% ou pourcentage de la Surface Agricole Utile en prairies permanentes de plus de cinq ans supérieur ou égal à 50%.
-Poids des intrants dans le chiffre d’affaires inférieur ou égal à 30% du chiffre d’affaires
Cette solution est plus confortable pour certaines comme la viticulture, qui consacre en moyenne seulement 14 % de leur chiffre d’affaires aux intrants, l’arboriculture ou les élevages intensifs qui auraient un peu de mal avec les 25 critères de l’option A.
Certes, le cahier des charges, dense, va globalement dans le bon sens. Mais il montre de grosses carences. S’il encourage une utilisation raisonnée des intrants et intègre des mesures destinées à préserver la biodiversité (maintien des haies, zones de jachère…) et à économiser les ressources en eau, il n’incite pas à changer de modèle de production, et les productions hors-sol (porcs, volailles, légumes sous serre…) restent autorisées.
Cela ne signifie pas non plus que l’agriculteur a cessé d’utiliser des pesticides et des engrais de synthèse, mais plutôt qu’il a installé une ruche, un nichoir à chauve-souris ou planté une haie… !
Surtout, les pesticides, y compris les plus nocifs, ne sont pas exclus ! La filière viticole, grande consommatrice de ces molécules, ne s’y est pas trompée : avec la HVE, elle peut afficher un logo vert sans bouleverser ses pratiques : les productions qui ont des marges très élevées peuvent facilement continuer à utiliser une grande quantité de pesticides. Pour preuve, la vigne représente 62,3% des exploitations HVE ! Mais il faut reconnaitre que certains viticulteurs ont évolué.
EN CONCLUSION
La HVE n’est pas une alternative à l’utilisation des pesticides. Si cette démarche environnementale est bonne, elle reste largement insuffisante en termes de protection de l’environnement.
Bien sûr, si l’ensemble de l’agriculture française non bio pouvait être en HVE (option A) – l’option B étant bien trop faible et les niveaux 1 et 2 étant sans intérêt -, ce serait un progrès comparé au modèle dominant actuel mais cela resterait insuffisant pour espérer être un modèle agricole réellement durable de toute façon.
La HVE reste donc un leurre de plus à destination des consommateurs, d’autant plus insaisissable qu’il peut y avoir des exploitations HVE vertueuses (car certaines proposent une vraie amélioration de leur système) et des exploitations HVE sans réels progrès (qui se contentent juste du minimum).