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dossier pollution de l’air par les pesticides

La loi sur l’air de 1996 ([1]) propose la définition suivante : « Constitue une pollution atmosphérique […] l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, (…) »
Chaque jour nous inhalons environ 13000 litres d’air composé en moyenne de 99% d’oxygène et d’azote. Mais cet air peut contenir divers polluants à l’origine
Dans le monde 7 millions de décès/an sont attribués à cette pollution. Les enfants sont les premiers touchés ([2])

Petits rappels :

Les sources de pollution de l’air sont diverses
Certaines d’entre elles sont naturelles : les pollens, les poussières du désert, et les poussières et gaz rejetés par les volcans lors des éruptions notamment.
D’autres, appelées anthropiques, résultent de l’activité humaine :
primaires : directement issus des sources de pollution (trafic routier, industries, chauffage, agriculture…). Il s’agit par exemple des oxydes d’azote (NOx), du dioxyde de soufre (SO2), des composés organiques volatiles (COV), des hydrocarbures, et de certains métaux (plomb, cadmium…)
secondaires : créés dans l’atmosphère via des réactions chimiques entre des polluants. Il s’agit notamment de l’ozone, du dioxyde d’azote, particules ultrafines.

Les particules en suspension ou matières particulaires polluantes (PM) ont l’effet le plus prononcé pour l’homme.
Selon les lignes directrices de l’OMS, le niveau maximal de sécurité se situe à une concentration annuelle moyenne de PM2,5 inférieure ou égale à 10 μg/m3. Si les particules en suspension d’un diamètre inférieur ou égal à 10 microns (≤ PM10) peuvent se loger au fond des poumons, les plus dangereuses pour la santé sont celles d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 microns (≤ PM2,5) qu’on appelle les particules fines – si fines qu’il en faut 60 pour atteindre l’épaisseur d’un cheveu.
Les particules fines peuvent franchir la barrière des poumons et pénétrer dans le sang, augmentant le risque de cardiopathie, d’affections respiratoires et de cancer du poumon.

Mais nous n’aborderons ici que les pollutions de l’air dues, aux produits chimiques qu’ils soient domestiques ou classés comme pesticides.

Pollution par les pesticides

Si   des   concentrations maximales sont définies dans les eaux ou des limites pour l’alimentation , aucun texte règlementaire relatif à la qualité de l’air ambiant au niveau national ou européen, ne prévoit la surveillance des produits phytosanitaires, ni ne fixe de valeurs limites pour ces produits dans les différents milieux aériens :air ambiant et air intérieur.

Ni l’observatoire de la qualité de l’air en Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur ([3]) ni le site du ministère de la santé ([4]), par exemple, ne mentionnent les pesticides !

La difficulté de l’interprétation générale réside dans le fait qu’il n’existe aucun indice global, tel que l’indice ATMO pour les polluants normés (ozone, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote et particules en suspension PM10 et PM 2,5). ([5])
Les activités agricoles et de sylviculture sont mentionnées dans un document d’INERIS ([6]) qui n’évoque que la libération d’ammoniac (94%) des émissions totales lors des épandages d’engrais.

Ce n’est qu’en 2000 que les premières mesures de pesticides dans l’air ont été réalisées par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/base-de-donnee-de-surveillance-de-pesticides-dans-l-air-par-les-aasqa-a-partir-de-2002/afin d’établir un premier état des lieux de la présence de ces substances dans l’atmosphère sur le territoire national. Cf dans ce lien une liste de polluants aériens, réglementés, non réglementé ou émergents (https://www.airparif.fr/surveiller-la-pollution/les-polluants-surveilles)

L’ANSES ([7]),  en reconnaissant cette contamination  a lancé une campagne exploratoire en 2018 après identification de 32 substances prioritaires pour lesquelles des investigations approfondies sont nécessaires pour orienter cette surveillance ([8]). En effet tous les pesticides épandus (pulvérisation sur les plantes ou incorporation dans le sol (granulés, enrobages de semences) ne remplissent pas leur strict emploi. Une grande partie d’entre eux est dispersée dans l’atmosphère, ce que nous verrons dans le paragraphe suivant([9]).

Par exemple, dans des échantillons collectés en 2019 en Allemagne ([10]) et analysés pour plus de 500 substances ; 109 ont été détectées, dont 28 d’utilisation non autorisée. Dans chaque site d’échantillonnage ont été identifiées de une à 36 substances, y compris dans des endroits tels que des parcs nationaux où la présence de pesticides n’est pas attendue. Le glyphosate a été enregistré dans chaque échantillon. Plus de la moitié des échantillonneurs d’air passifs contenaient du chlorothalonil, du métolachlor, de la pendiméthaline, de la terbuthylazine, du prothioconazole-desthio, du diméthénamide, du prosulfocarbe, du flufenacet, du tébuconazole, de l’aclonifène, du chlorflurénol, de l’hexachlorobenzène (HCB) et du γ-hexachlorocyclohexane (γ-HCH). Ces mélanges de pesticides omniprésents dans l’air  en Allemagne sont évidemment  présents dans d’autres pays, ce qui est particulièrement préoccupant pour le glyphosate, la pendiméthaline et le prosulfocarbe..

Outre l’usage agricole, les pesticides peuvent être aussi utilisés pour l’entretien de la voirie, des voies ferrées, des parcs et jardins, par les « jardiniers amateurs », par les golfs et les hippodromes, etc.

Modes de contamination

La pollution de l’air par les pesticides provient des pertes atmosphériques lors de la pulvérisation mais aussi après et pendant plusieurs semaines voire même plusieurs mois. Selon Pimentel ([11]) et d’autres auteurs, seulement 1% de la substance active pulvérisée atteint sa cible, le ravageur ou l’agent pathogène, le reste se déposant sur diverses surfaces, le végétal, le sol, l’eau et se dispersant dans l’atmosphère. Cette perte atmosphérique à l’épandage peut aller jusqu’à 40 % du volume selon les conditions météorologiques, la formulation de la spécialité phytosanitaire et la finesse des gouttelettes délivrées par la buse de pulvérisation.
Retombant avec les pluies ils sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques et sont ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine toutes les eaux.

Les composés peuvent se retrouver dans l’air ambiant,
soit lors de l’application des produits : au moment des pulvérisations phytosanitaires, on recherche un équilibre entre la taille des gouttelettes nécessaires pour un dépôt rapide et une bonne diffusion dans l’air pour atteindre les cibles non directement accessibles à la projection. Un diamètre des gouttelettes de 50 microns environ est requis conférer une bonne efficacité. Cependant toute buse de pulvérisation délivre un spectre de gouttelettes avec une taille moyenne et des écarts par rapport à celle-ci. Les gouttelettes les plus petites, ayant une vitesse de déposition lente, sont les plus sensibles à la dérive, même par vent léger et peuvent être parfois transportées à plusieurs centaines de mètres du site traité

ou après application en se volatilisant à partir du sol et de la végétation traitée.
La volatilisation est la voie de dissipation majeure pour les pesticides, post application, allant même jusqu’à 90 % de la dose appliquée dans certains cas exceptionnels ([12] ). Elle a une durée variable de quelques heures à plusieurs mois.
Selon les études expérimentales rapportées dans la littérature, les principaux facteurs affectant ce processus à partir des premiers jours après le traitement ont été identifiés comme suit :
–                    les caractéristiques physico-chimiques du composé
–                    les conditions environnementales (température, humidité du sol, nature du sol ou de la culture) qui sont des paramètres clés, au même titre que les pratiques de gestion ([13]). En effet, en présence d’un couvert végétal, l’émission peut être de 5 à 13 fois plus importante, selon les pesticides, que sur un sol nu dans les 24 heures suivant l’application, et de façon non intuitive un sol humide facilite celle-ci alors qu’un sol sec aurait tendance à faciliter l’adsorption à ses particules ([14])

L’humidité va, non seulement favoriser la volatilisation des pesticides mais aussi  la montée des particules d’eau polluée jusqu’aux nuages. A la faveur des pluies, les molécules toxiques ou non, retombent sur terre parfois très loin de leur lieu d’émission. La modélisation de Galloway et Cowling (2002)([15]) illustre l’importance de ces retombées : 20 kg de produits azotés réactifs par hectare et par an sur les plaines du Nord de la France ! Toujours dans cette région et dans la même période, 30% des eaux de pluie étaient contaminées par les pesticides à une concentration supérieure à 0,1 µg/L, les teneurs les plus importantes étant obtenues pour les mois d’avril, mai, juin où des concentrations supérieures à 5 μg/L ont été observées ([16]).

La sécheresse favorise l’érosion des sols nus en remettant en suspension des particules sous l’action du vent. C’est une voie importante de dispersion des pesticides après traitement. Ainsi après désherbage par les herbicides 2-4D, mécoprop, triallate, encore autorisés en 2023, les concentrations d’herbicide retrouvées dans les particules transportées par le vent sont fréquemment de plusieurs centaines de µg/kg ([17]).

On estime généralement que 25 à 75 % des pesticides appliqués seraient transférés vers l’atmosphère selon les modes d’application et les conditions climatiques.  La présence de pesticides dans l’air ambiant a été démontrée, notamment par de nombreuses études dans les régions françaises, aussi bien en zone rurale qu’en milieu périurbain et urbain, avec des concentrations variant du dixième à plusieurs dizaines de nanogrammes par mètre cube selon les composés et les sites.

Quelques exemples
Même si aucun indicateur global n’a été proposé pour alerter sur le niveau de la pollution phytosanitaire dans l’air ambiant (entre 20 et 80 molécules suivant les réseaux de surveillance) quelques molécules traceuses ont été déterminées et peuvent être caractéristiques d’une culture et d’un environnement donnés.

 Ainsi, la trifluraline (herbicide) peut être un bon indicateur des pesticides épandus au niveau des grandes cultures,
le folpel (fongicide) un bon traceur pour la viticulture,
la tolylfluanide (fongicide retiré en 2022) pour l’arboriculture
le chlorothalonil (fongicide retiré en 2020 mais que l’on retrouve encore) pour la pollution phytosanitaire en milieu urbain,
le lindane (insecticide interdit en 1998) en tant que révélateur d’une pollution de fond de par des substances persistantes et interdites d’utilisation.

Herbicides :
Le prosulfocarbe,  homologué pour des cultures céréalières   a été majoritairement quantifié sur les sites Aude urbain viticole et Aude viticole environnement  (concentration cumulée de 18 ng/ m3  sur près de 20% des échantillons), en continu sur les prélèvements d’octobre et novembre. Cette substance, sans usage connu autorisé sur la vigne, provient probablement principalement des traitements réalisés sur les parcelles en grandes cultures céréalières situées dans l’environnement des sites de mesures.
C’est l’herbicide qui présente l’indicateur de cumul hebdomadaire moyen le plus élevé en France([18])

Le glyphosate herbicide très fréquemment retrouvé dans les prélèvements en Occitanie([19]) quel que soit le site de mesures : en milieu rural comme en milieu urbain. Sa concentration médiane est relativement faible par rapport à d’autres substances quantifiées dans les échantillons, mais il n’existe pas de valeur de référence pour ce composé. La principale période de quantification du glyphosate se trouve être la période « printemps-été » ([20]). (qui est celle où la population est dehors)

Fongicides
En ce qui concerne les pesticides, le folpel, utilisé contre le mildiou, « le fongicide de la vigne » est classé cancérogène, mutagène et reprotoxique probable par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon la dernière étude d’ATMO Nouvelle-Aquitaine, publiée en août, la concentration en folpel a même augmenté en 2018 pour atteindre une moyenne hebdomadaire de 11 ng/ m3 par (dans le Médoc, haut lieu de la viticulture française, mais aussi à Bordeaux (2 ng/m3). La preuve, selon l’observatoire, d’un « transfert des molécules par l’air depuis les surfaces agricoles vers les zones urbaines ». Certains pics ont été observés sur de courtes périodes en réponse à un évènement ponctuel à la suite de conditions climatiques orageuses (accompagnées de grêlons)  afin de renforcer la cicatrisation des feuilles de vignes endommagées.
On retrouve ce fongicide (25 ng/ m3 à 170 ng/ m3 selon les sites sur la majorité des échantillons (entre 46 et 77% selon les sites) principalement sur la période d’avril à début septembre. ([21])

Insecticides :
Le chlorpyriphos un insecticide, qui a été utilisé massivement en pulvérisation sur les cultures pour éliminer les pucerons ou les chenilles, interdit par l’UE en janvier 2020 mais encore retrouvé dans l’atmosphère en 2023 (19), est longtemps passé sous les radars des autorités sanitaires malgré une accumulation d’études démontrant ses effets toxiques sur le développement du cerveau des enfants.

Le lindane, insecticide organo-chloré totalement interdit depuis 2006, est encore mesurée très fréquemment dans l’air ([22])

Finalement pourrait-on dire qu’il existe une corrélation des résultats avec les ventes de pesticides ?
Le prosulfocarbe, herbicide le plus vendu  (tonnage x 6 en10 ans) en France après le glyphosate,   est épandu à l’automne, dans le bassin parisien après semis du blé tendre, dans le Sud- Ouest pour le blé dur, et dans le Nord de la France au printemps pour désherber les pommes de terre Sa très grande volatilité favorise sa dispersion dans l’air et a provoqué la condamnation de certaines exploitations de la filière bio.
Son utilisation relativement récente limite encore les études épidémiologiques. Mais suite à une actualisation de l’évaluation des risques pour les enfants, l’ANSES a imposé une réduction de 40% la dose, assortie d’une ZNT de 10 mètres et combinée à des dispositifs anti-dérive, le tout à compter du 1er novembre 2023

Utilité des ZNT  (Zone Non traitée) et niveau de fond atmosphérique

Quelles sont les distances à respecter ?([23])
Distance de 20 mètres incompressibles pour les produits les plus dangereux pour la santé

Sont concernés :

  • les produits présentant une des mentions de danger suivantes : Voir la liste de ces produits
  • les perturbateurs endocriniens (liste qui reste à définir par l’Etat).

Distance de 10 mètres incompressibles
Pour renforcer la protection des personnes, l’ANSES a été chargé par le gouvernement de réévaluer les conditions d’emploi des produits classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégorie 2 (CMR2).

Si l’ANSES n’a pas pu se prononcer au 1er octobre 2022, la distance de 10m incompressible s’applique.

Distance de 10 m réductibles
Sont concernées la viticulture, l’arboriculture, la forêt, les petits fruits et les cultures ornementales de plus de 50 cm de haut… pour les produits de traitement (excepté ceux concernés par les 20 mètres incompressibles).

 Les distances peuvent être réduites à 5 m ou 3 m selon les cultures sous réserve notamment de matériel anti dérive.

Distance de 5  m réductibles
Sont concernées toutes les autres cultures (grandes cultures, maïs, légumes de plein champ, asperges, couverts végétaux….).

La distance peut être réduite à 3m en utilisant le matériel anti dérive validé pour les cultures basses.

 Quel que soit le mode d’épandage, son principe et ses performances, un certain nombre de conditions sont nécessaires et pas toujours  respectées pour le réaliser dans de bonnes conditions : maintenir l’appareil d’épandage dans un état de fonctionnement correct, optimiser ses réglages en fonction de la culture à traiter, respecter des conditions climatiques standardisées (vent faible, humidité élevée) et éviter les phénomènes météorologiques ponctuels pouvant précéder ou suivre le traitement.

Générations Futures ([24]) a voulu savoir si ces distances fixées (10 m et 5 m) étaient réellement protectrices pour les riverains habitant à proximité des zones d’épandage de pesticides agricoles. Leur première publication, rendant compte de 4 mois de prélèvements et de mesures, montre clairement que même une distance supérieure à 30 mètres ne réduit l’exposition aérienne aux pesticides que de moins de la moitié par rapport à la limite de propriété.
Le rapport montre que pour près de 80% des habitations testées, au moins un pesticide sur les 30 recherchés était retrouvé, ce pourcentage ne descendant nettement qu’au-delà de 100m de la zone de pulvérisation.

Mais n’oublions pas que la volatilisation évoquée plus haut est le facteur le plus important de dissémination dans l’atmosphère des épandages divers puisque l’on retrouve des traces à des centaines de km de leurs lieux d’émission, ou des années après leur interdiction.

« Enfin il faut être conscient que les niveaux de concentration sur des périodes sur des périodes d’une heure de traitement sont jusqu’à 1000 fois supérieurs au niveau de fond. Certains phytosanitaires sont présents plus de deux jours après les traitements à des niveaux de concentration 10 à 20 fois supérieurs au niveau de fond. L’exposition des populations résidant à proximité de parcelles est donc relativement importante au cours d’une année compte tenu du fait qu’un verger nécessite chaque saison une trentaine de traitements » ([25]).

Même en ville

Un grand nombre de substances est détecté en milieu urbain. On retrouve une variabilité saisonnière marquée, avec des concentrations maximales relevées pendant l’automne pour les herbicides, et une plus grande diversité de substances relevée au printemps (fongicides et insecticides).

A Lille([26]) :  En 2017, le lindane était encore la huitième molécule la plus fortement retrouvée avec une concentration annuelle, certes faible, de 0,06 ng/m3, juste derrière le chlorpyriphos (0,07 ng/m3), avec un pic à 0,28 ng/m3 en juin. Le lindane n’était plus retrouvé dans l’agglomération en 2008 et en 2009, avant de réapparaître en 2010 et d’être détecté dans la quasi-totalité des prélèvements et de la période de mesure en 2017.

« En Occitanie : deux sites urbains étudiés , l’écart des cultures montrent des concentrations de pesticides supérieures à celles que l’on mesure sur certains sites ruraux. La diversité des molécules quantifiées est également similaire. Les niveaux observés en milieu urbain sont liés aux période de traitement des cultures. Au regard des enjeux concernant la densité de population exposée, il paraît nécessaire de maintenir et renforcer le suivi des pesticides dans ce type d’environnement. » ([27])

«  En Nouvelle-Aquitaine en 2022, 107 molécules recherchées ; 53 détectées, dont 21 fongicides, 20 herbicides, 12 insecticides dont les principales ont été

  • le prosulfocarbe (surtout utilisé comme herbicide des céréales d’hiver), molécule dominante à Montroy, à Saint-Saturnin et à Poitiers.
    le folpel (fongicide de la vigne), molécule présentent sur tous les sites, notamment ceux entourés de vignes (Saint-Saturnin, Libourne et Bordeaux).
  • la pendiméthaline (herbicide à large spectre d’action qui peut être utilisée aussi bien sur des grandes cultures, au printemps sur du colza ou du maïs et à l’automne sur des céréales d’hiver, que sur des vignes ou des vergers), molécule présente sur l’ensemble des sites.
  • L’endosulfan (insecticide) dont l’utilisation est interdite en France depuis 2008 a été quantifié sur le site de Libourne, dans des quantités plus élevées que les autres insecticides tous sites confondus. Cette molécule a été quantifiée pour 85% des prélèvements réalisés sur ce site. ([28])

Le Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’air a publié un référentiel applicable en mars 2021 LCSQA_RTN_polluants_interet_national_article_6-vapplicable180321

Dans l’espace domestique


Substances employées pour différents usages agricoles, les pesticides sont aussi présents dans l’air ambiant domestique([29]) « que ce soit sous forme de  produits zoo-sanitaires, les produits de traitements conservateurs des bois, ou ceux à usage domestique : shampoing anti-poux, boules antimites, poudres anti-fourmis, bombes insecticides contre les mouches, mites ou moustiques, colliers anti-puces, diffuseurs intérieurs, etc.( https://alerte-medecins-pesticides.fr/ressources/produits-domestiques-danger/)

Effets sur la santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la pollution de l’air ambiant provoque chaque année entre 7 et 9 millions de décès prématurés dans le monde. Ces décès prématurés sont en grande partie causés par des cardiopathies ischémiques et des accidents vasculaires cérébraux, des maladies pulmonaires obstructives chroniques ou des infections aiguës des voies respiratoires inférieures.

Mais dans le cas des pesticides:
Nous pouvons observer des risques aigus : liés à une très forte exposition sur une courte durée, et « plus ou moins faciles » à déceler puisqu’ils peuvent occasionner des effets immédiats ou à long terme (empoisonnements, risques cutanés ou oculaires
Ou des risques chroniques : liés à une faible exposition sur une longue durée, ils peuvent avoir un lien avec de nombreuses maladies (maladie de parkinson, cancer de la prostate, leucémie ou neuro-développement chez les enfants. Cette pollution est plus insidieuse, outre les affections enregistrées comme maladie professionnelle (chez les agriculteurs entre autres) il y a toutes les maladies engendrées par les perturbateurs endocriniens  dont  les effets ne commencent qu’à être appréhendés cf  https://alerte-medecins-pesticides.fr/ressources/dossier-pe/

N’oublions pas que ces suspensions aériennes ne peuvent être facilement dosées avec les moyens classiques sans compter les mélanges innombrables de toutes ces molécules en suspension dans l’air ambiant.

Notons cependant qu’en Occitanie, pendant la période 2021-2022, 5 substances actives potentiellement perturbatrices endocriniennes  ont été quantifiées sur l’ensemble des sites de mesures, à des fréquences plus ou moins importantes : lindane, folpel, pendiméthaline, s-métolachlore et propyzamide.

Conclusion :


Si une alimentation saine permet de limiter à l’extrême les apports chimiques, il semble impossible de se prémunir de cette intoxication insidieuse et ubiquitaire qu’est la pollution aérienne.

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000381337/

[2] https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/275547/WHO-CED-PHE-18.01-fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y

[3] https://www.atmosud.org/article/les-principaux-polluants

[4] https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/air-exterieur/qualite-de-l-air-exterieur-10984/article/qualite-de-l-air-sources-de-pollution-et-effets-sur-la-sante

[5] https://ecophytopic.fr/sites/default/files/phytos_dans_air_08.pdf

[6] https://www.ineris.fr/fr/risques/dossiers-thematiques/qualite-air/sources-pollution-atmospherique/agriculture

[7] https://www.anses.fr/fr/content/contamination-de-l’air-par-les-pesticides

[8] https://www.anses.fr/fr/content/pesticides-dans-l’air-extérieur-l’anses-identifie-les-substances-nécessitant-une-évaluation

[9] https://ecophytopic.fr/sites/default/files/phytos_dans_air_08.pdf

[10] https://enveurope.springeropen.com/articles/10.1186/s12302-021-00553-4

[11] https://link.springer.com/article/10.1007/BF02286399

[12] https://www.ineris.fr/sites/ineris.fr/files/contribution/Documents/sol_pante.pdf

[13] https://www.agronomy-journal.org/articles/agro/abs/2002/01/03/03.html

[14] https://ecophytopic.fr/sites/default/files/phytos_dans_air_08.pdf

[15]https://www.researchgate.net/publication/11297112_Reactive_Nitrogen_and_The_World_200_Years_of_Change  (64-71)

[16] https://www.water-quality-journal.org/articles/wqual/abs/2004/02/wqual2004352p129/wqual2004352p129.html

[17] https://www.researchgate.net/profile/Francis-Larney/publication/250107226_Herbicide_Transport_on_Wind-Eroded_Sediment/links/54eb5ce40cf2082851bdb0c7/Herbicide-Transport-on-Wind-Eroded-Sediment.pdf  (1412-1421)

[18] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[19] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[20] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[21] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[22] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[23] https://landes.chambre-agriculture.fr/environnement/phytosanitaires/zones-de-non-traitement-znt/

[24] https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2022/02/pesticides-c-dans-lair.pdf

[25] https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2019-12/Rapport%20Phyto_Arbori.pdf

[26] https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/18/les-pesticides-polluent-aussi-l-air-que-respirent-les-francais_6023286_3244.html

[27]  https://www.atmo-occitanie.org/sites/default/files/publications/2023-10/bilan%202021-2022%20phyto%20occitanie_version%20finale_1.pdf

[28] https://www.atmo-nouvelleaquitaine.org/publications/les-pesticides-dans-lair-bilan-annuel-2022

[29] https://www.airparif.fr/index.php/pesticides