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Dossier Eaux Destinées à la Consommation Humaine

EDCH    ([1])

(Eaux Destinées à la Consommation Humaine)

 

« La qualité d’un milieu peut être définie par son aptitude à pouvoir satisfaire les exigences de l’ensemble des êtres vivants, ainsi que la protection de la santé publique et les besoins des usages anthropiques. Elément essentiel à la vie, l’eau est susceptible d’avoir un impact sur ces différents besoins dès lors que sa qualité se dégrade ou que sa quantité est insuffisante. Chaque eau est unique, sa composition évolue au gré du cycle de l’eau au contact des milieux qu’elle parcourt, et sous l’influence des activités humaines.

Contrairement à ses effets sur la disponibilité en eau, l’impact  de l’environnement sur la qualité des eaux douces est actuellement assez mal documenté (trop peu étudié). »[2]

Nous nous trouvons dans une double problématique

  • La pénurie en eau qui s’aggrave depuis deux ans avec des situations catastrophiques jamais vues à mi printemps 2023 et un contexte d’irréflexion accompagnée d’une grande violence autour des projets agricoles aux prétentions démesurées (mégabassines) pour le seul profit de quelques uns.
  • La qualité de l’eau potable qui sera le sujet de cet article, thème d’autant plus préoccupant que l’absence de ressources et donc de débit ne peut qu’accentuer les taux de pollution déjà observés.
    Celle-ci est intimement liées aux activités humaines : pollutions agricoles, industrielles et domestiques. Et elles sont souvent intriquées : certains produits destinés à l’industrie se retrouvent dans d’autres domaines d’application

PETITS RAPPELS

En 2022 on estime que l’exposition aux pesticides dans la population générale se fait de la façon suivante :

  • Eau 5 à 10 %
  • Alimentation 65 à 70 %
  • Air 20 à 25 %
  • Peau 1 à 3 %

Il est fort probable que l’exposition par l’air, les poussières de maison ou par voie cutanée, soit très variable selon la proximité de zones d’agriculture intensive

On distingue les eaux souterraines (nappes phréatiques) ou ESO 80 % des captages en France et les eaux superficielles ou ESU, fleuves, rivières, retenues 20 % des captages

Par ailleurs, on distingue ([3])
– le prélèvement, qui désigne le fait de soustraire un volume d’eau aux milieux aquatiques, et qui inclut à la fois l’eau restituée à ces milieux et celle qui ne l’est pas
– la consommation, qui désigne uniquement la part de l’eau prélevée qui n’est pas restituée aux milieux aquatiques.
Enfin, il faut savoir que la consommation d’eau en agriculture (57 %) est nettement plus élevée que sa part dans les prélèvements (10 %), puisqu’elle consomme environ 80 % de l’eau qu’elle prélève ([4])

LES LIMITES REGLEMENTAIRES:

Quoique transparente, l’eau que nous buvons cache des choses.
La limite réglementaire est un indicateur de qualité : lorsque que ce seuil est dépassé, cela veut dire que la qualité de l’eau distribuée au robinet se dégrade. En revanche, la limite de qualité de l’eau pour les pesticides ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs car elle n’est pas élaborée sur la base de la toxicité des substances.
Norme pesticides eau potabilisable
Max 2(microgrammes) μg/l par substance active mesurée
Max 5μg/l pour la somme des substances actives mesurées

Norme pesticides eau potable
Max 0,1 μg/l par substance active mesurée
Max 0,5 μg/l pour la somme de tous les pesticides et des métabolites pertinents mesurés.

Ces limites   traduisent la volonté de l’époque du législateur de protéger la ressource en eau (en appliquant les limites les plus basses d’alors). En effet personne ne peut affirmer à partir de combien de μg de métabolite par litre l’eau du robinet devient toxique (peut-on comparer 1g de paracétamol (dose journalière max 4 g) et 1g de morphine (dose journalière max 12 mg)?
Les valeurs toxicologiques de référence sont estimées pour une consommation de 2l d’eau par jour et par personne et pendant la vie entière.
En outre si elles intègrent des éléments de la toxicité chronique, elles ne tiennent pas compte de la notion de Perturbateurs Endocriniens ([5]) qui est sans seuil, ni l’effet des mélanges (l’effet cocktail) -de résidus de pesticides présents dans l’EDCH.

Nous passons de plus en plus d’une « eau potable » à une « eau consommable ». Quand la limite de qualité de l’eau est dépassée, et quand bien même cette limite n’est pas un indicateur de risque sanitaire, une priorité est de prévenir tout risque pour le consommateur. Pour ce faire, l’ Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES) établit à la demande de la Direction Générale de la Santé (DGS) des valeurs sanitaires maximales dérogatoires pour garantir la santé du consommateur même en situation de dépassement des limites de qualité (ce que l’on peut mettre en doute cf les « normes » acceptés pour les métabolites du S Metolachlore  (par exemple) qui sont passées par un tour de passe-passe de 0,1à 0,9 µg/L cf explications bas p 4).

LES POLLUTIONS DE L’EAU d’ORIGINE AGRICOLE

Les pollutions agricoles ont pour principale origine des émissions diffuses (épandage d’engrais ou de pesticides) : les résultats issus de quelques 136 000 analyses réalisées (points de captage d’eau représentant environ 20 % de l’eau distribuée)montrent -entre autres- une vaste contamination à différents produits et aux résidus de pesticides (même des années après leur utilisation ([6])).
Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, les pesticides retombent avec les pluies directement sur les plans d’eau et sur les sols d’où ils sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration).

En 2019 on estimait qu’environ la moitié des masses d’eau continentales de Nouvelle-Aquitaine (rivières, lacs et nappes libres confondus) subissaient une pression significative vis-à-vis des pollutions diffuses par les nitrates ou les pesticides, notamment dans les régions de grandes cultures (céréales et oléoprotéagineux), cultures maraichères et viticultures.([7])

Il faudrait utiliser comme référence et de façon systématique, le GUS  (Ground Ubiquity Score) qui apprécie le potentiel d’une molécule à descendre dans les eaux souterraines ([8]) Par exemple, le GUS des glyphosates est moyen ou élevé selon le sol considéré. En moyenne ils descendent facilement dans les eaux souterraines et sont retrouvés dans les sols pendant au moins 296 jours.

Les prélèvements ont notamment concerné 157 pesticides et métabolites de pesticides, c’est-à-dire des composants issus de la dégradation des produits phytopharmaceutiques. 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées. Et plus on va en chercher, plus on va en trouver.

Les produits cités ne sont pas exhaustifs ; nous ne citerons que quelques exemples.

Les Nitrates
La pollution des aquifères la plus médiatisée est celle due aux nitrates ([9]) que les marées vertes rendent visible ([10]) ; la Bretagne paie le prix fort de ne pas avoir su mieux protéger ses ressources en eau.

Les nitrates rejetés dans cette région proviennent à 94 % de l’agriculture (engrais minéraux et effluents d’élevages), le reste étant réparti entre les rejets domestiques et les effluents industriels.

Dans l’organisme humain, les nitrates se transforment en nitrites. Ces derniers peuvent présenter un risque pour la santé, par la modification des propriétés de l’hémoglobine du sang en empêchant un transport correct de l’oxygène par les globules rouges. Chez les très jeunes enfants de moins de 6 mois, cette maladie appelée méthémoglobinémie, provoque des cyanoses parfois sévères. Les femmes enceintes et les nourrissons sont les populations les plus sensibles.

Les premiers cris d’alarme ont été lancés dès le début des années 1970 par Eau & Rivières de Bretagne. Mais ces alertes n’ont pas été prises au sérieux, et dès 1994, c’est l’ensemble de la région qui se trouve classée en « zone vulnérable aux nitrates d’origine agricole ».

La concentration « naturelle » en nitrates des eaux souterraines en l’absence de fertilisation va de 5 à 15 mg/l (NO3) ; la source majeure provient de l’apport d’engrais azotés qui peut se faire soit directement, soit sous forme d’ammoniac, ou d’urée, lesquels se transforment dans le sol en nitrates. Les lisiers d’élevage libèrent surtout la forme ammoniaquée.

Avant 1975, les quelques mesures de qualité des eaux effectuées en Bretagne montrent que la concentration en nitrates dans les rivières est en moyenne inférieure à 10 mg/l. La pollution des nitrates ne cesse de grimper pour atteindre en 1993, 53 mg/l pour la moyenne des rivières bretonnes ! C’est ce niveau élevé de pollution, et l’insuffisance des mesures de protection mises en œuvre, qui a conduit les autorités européennes à engager deux contentieux contre la France devant la Cour Européenne de Justice.

En Bretagne entre 1993à 1999 les taux ont souvent dépassé les 50 mg/l (norme de potabilité du 11/01/2007 ([11],[12]))

Des dépassements récurrents de la limite de qualité des nitrates sont retrouvés dans le Pas- de-Calais, l’Eure et Loire et l’Aube, mais aussi dans le Cher, l’Essonne, la Marne, l’Oise, la Seine et Marne.

Les pesticides
Il faudrait pouvoir boire de l’eau du robinet sans inquiétudes, qu’il y ait une réelle prise de conscience de la contamination généralisée de l’eau par les pesticides et qu’enfin des mesures ambitieuses soient prises pour en finir avec l’usage de ces toxiques à grande échelle ([13])([14]).
Or, l’analyse des données sur la qualité de l’eau du robinet en France révèle un phénomène d’ampleur, qui place les autorités sanitaires face au manque de connaissances sur la toxicité de certaines molécules issues de pesticides ([15]) : les métabolites, cf dans le site ([16]).

Les pesticides sont des substances chimiques utilisées pour combattre les espèces animales ou végétales nuisibles (insecticides, herbicides, fongicides), dans l’agriculture, dans les industries, dans la construction et l’entretien des infrastructures de transport, des voies et des terrains publics ou privés. Leur présence dans l’eau est due à leur entraînement par ruissellement ou à leur infiltration dans les sols.

Si les risques les plus visibles de ces produits sont liés à des intoxications aiguës des utilisateurs (notamment exposition professionnelle), les effets à long terme sur la santé de la population générale d’une exposition à de faibles doses de pesticides et à celle des effets cocktails, toutes les deux très peu étudiées sont difficiles à évaluer pour la population générale …

Il existe des centaines de molécules de pesticides et donc de métabolites qui sont loin d’être toutes dosées ; le nombre et la liste des substances suivies diffèrent d’une région à l’autre, et même d’un prélèvement à l’autre : en moyenne 30 molécules par prélèvement en Corse, contre 386 en Ile-de-France. Cette liste dépend notamment de la densité de population sur le territoire du réseau de distribution d’eau, des capacités des laboratoires à détecter telle ou telle nouvelle molécule et des ressources financières de l’ARS pour réaliser ces opérations coûteuses et surtout des produits phytosanitaires les plus utilisés sur le territoire en question. Betteraves sucrières / chloridazone ; maïs / molécules issues du S-métolachlore.

Dans l’étude où l’on a commencé à rechercher à grande échelle quelques métabolites les autorités sanitaires ont constaté dans peu plus de 20% des prélèvements un dépassement de la quantité d’une ou plusieurs molécules de pesticides ou de leurs métabolites, au-delà du seuil réglementaire. Une limite de qualité de l’eau, la plupart du temps située à 0,1 microgramme par litre (μg/L). Cela représente 12 281 dépassements entre janvier 2021 et juillet 2022, touchant 8 959 communes ([17]). Mais c’était avant que l’ANSES ne déclare un nouveau taux de conformité pour les dérivés du métolachlore qui passe de 0,1 à 0,9 mg / l ce qui permet à 97% des eaux distribuées déclarées non conformes suite à un dépassement de la valeur du métolachlore de redevenir conformes !

En plus, un certain nombre de pesticides ou métabolites n’ont pas de valeur sanitaire maximale définie…par manque de connaissances scientifiques sur les limites toxicologiques ([18])

Enfin, il existe une rémanence de certaines molécules comme l’atrazine (herbicide des cultures du maïs) interdit en 2001 dont on retrouve encore des traces 23 ans plus tard ! Sur la seule période allant de janvier 2021 à juillet 2022, des valeurs supérieures à la limite de 0,1 μg/L ont été constatés dans plus de 2 300 prélèvements, réalisés dans 878 communes

Début avril 2023, L’ANSES a publié une étude ([19]) sur la présence dans l’eau du robinet de composés chimiques peu ou pas recherchés lors des contrôles réguliers notamment le métabolite du chlorothalonil R471811, un fongicide utilisé dans de nombreuses cultures (vignes, céréales, pommes de terre)interdit depuis 2019(en Europe, 2020 en France) et dont les résidus ont été retrouvés « dans plus d’un prélèvement sur deux » et des dépassements de la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois ! Cette substance est classée comme cancérogène de catégorie 1B, c’est-à-dire cancérogène « supposé« ([20]).

Ce métabolite a la particularité d’être difficile à éliminer en station de traitement et son coût pourrait faire augmenter le prix de l’eau d’environ 50 % dans certaines régions !

L’ANSES pointe également la présence d’un autre métabolite de pesticide, le métolachlore ESA, dans plus de la moitié des échantillons prélevés. C’est un résidu du S-métolachlore, classé comme cancérogène (classement PE en cours) en juin 2022 par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), interdit en février 2023 ([21]) avec une prolongation au forceps par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ([22]) au nom de la souveraineté alimentaire -mais pas de la santé des Français !

LES POLLUTIONS DE L’EAU d’ORIGINE INDUSTRIELLE

Les Résidus d’explosifs([23])
C’est une conséquence, déjà connue, « des deux guerres mondiales du XXe siècle : fabrication de munitions, zones de combats, zones de destruction qui ont entraîné une pollution environnementale d’une grande diversité chimique ».

Les résultats montrent une soixantaine de sites positifs, Dans les Hauts-de-France et le Grand-Est, il s’agit d’une « forte concentration de molécules de la famille du TNT, comme les sites correspondant à des combats de la Grande guerre ou des terrains de démolition après la Première guerre mondiale ».

En Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie c’est « une contamination par des explosifs dits ‘modernes’ comme HMX et RDX, utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale et que l’on retrouve encore dans des compositions d’explosifs actuels ». Dans tous les cas, les taux mesurés ne présenteraient rien de préoccupant… assure l’ANSES.

On y retrouve cependant le perchlorate qui entre en compétition avec l’iode donc avec le métabolisme thyroidien ([24])

Autres produits
Un solvant le 1,4-dioxane, « dont le rejet dans l’environnement est principalement lié aux pratiques d’élimination des déchets chimiques ou aux rejets d’eaux résiduaires », explique l’ANSES. Il peut être utilisé dans la fabrication d’autres produits chimiques organiques de base, de matières plastiques de base, de savons, détergents et produits d’entretien, de produits chimiques à usage industriel, de peinture, de vernis ou encore d’encres.

Il est classé cancérogène de catégorie C2 ([25])

Il ne faut pas oublier tous les autres composés pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers dans l’eau du robinet([26]) à de très faibles concentrations qui interroge depuis plusieurs années l’opinion publique, la communauté scientifique et les autorités sanitaires.
Des recherches sont menées au niveau national sur des paramètres actuellement non réglementés afin de recueillir des données d’exposition de la population nécessaires à l’évaluation des risques sanitaires liés à ces substances émergentes.

Ces dernières années, des campagnes ont notamment porté sur :
Les composés perfluorés cf dans le site ([27]) et ([28])([29]) dont la principale voie de contamination humaine et animale est la consommation d’eau. Or la France ne réglemente aucun PFAS dans le contrôle des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine. La réglementation française des émissions industrielles encadre encore trop peu les rejets en PFAS et leur suivi en banques de données est quasi-inexistant.

Des sous-produits pouvant être formés lors de l’étape de désinfection de l’eau : les nitrosamines ([30]). Le traitement par ozonation des EDCH peut générer la formation de Nnitrosodiméthylamine (également émis par des pesticides, des produits pharmaceutiques, ou lors de réactions chimiques : floculation, vulcanisation, ou utilisés comme solvants) à effet potentiellement cancérogène

Des données confirment que les nitrosamines sont détectés plus souvent en sortie de station de traitement et en eau souterraine ce qui est cohérent avec l’hypothèse de la présence de précurseurs présents dans la ressource et transformés lors de l’étape d’oxydation.

Eau et chlorure de vinyle monomère(CVM)([31])
La présence de CVM dans l’eau du robinet peut résulter d’une pollution de la ressource en eau, principalement du fait de rejets d’industries du PVC. Il est généralement trop volatil pour être retrouvé dans les eaux superficielles. Le CVM présent dans l’eau du robinet provient essentiellement de certaines canalisations anciennes en PVC sans débit suffisant.

Le CVM peut être à l’origine de cancers du foie pouvant se manifester selon deux formes :
 l’angiosarcome hépatique, un cancer du foie très rare (10 cas/an estimés en France)
 le carcinome hépatocellulaire

Les déchets du BTP [céramique, brique, enrobés de béton…] sont considérés comme « inertes » mais au contact de l’eau, certaines de ces matières inertes se décomposent.  C’est le cas du béton, qui rejette des métaux lourds, comme le fer.

LES POLLUTIONS DE L’EAU d’ORIGINE DOMESTIQUE 

Les eaux dites usées (que nous n’aborderons pas ici)

Les résidus de médicaments([32]) : nous citerons juste une étude ([33]) évaluant les effets d’un mélange d’anti-inflammatoires et de dérivés de pilules contraceptionnelles qui présentent une élimination incomplète via les stations d’épuration. Dans le modèle animal l’exposition a retardé la puberté masculine, accéléré la puberté féminine et, plus grave l’expérience suggère que l’exposition à ces cocktails de drogues a un impact intergénérationnel.

QUELS MOYENS DE PROTECTION ? ([34])

La meilleure protection est celle qui s’effectuerait en amont et nous reproduisons largement des extraits du site breton Eaux et Rivières que nous remercions ([35]).

Il faut élargir la protection des eaux superficielles destinées à la production d’eau potable

La loi impose que les captages d’eau destinés à la production d’eau potable disposent obligatoirement de périmètres de protection de captage (PPC) pour assurer leur protection vis-à-vis des pollutions ponctuelles et accidentelles.(…) mais les pollutions diffuses causées par la présence de polluant(s) issu(s) de sources multiples, sont difficilement identifiables dans l’espace et dans le temps (…) sauf une responsabilité agricole indiscutable.
Sur les prises d’eau superficielle, la notion de protection doit faire systématiquement l’objet d’une bascule des PPC à l’aire d’alimentation de captage (AAC) à même d’assurer une protection contre les pollutions diffuses. De plus, sur ces délimitations hydrographiques doivent être interdits immédiatement les pesticides dont les métabolites posent problème.(…)
Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement devront investiguer la biodiversité, les chemins de l’eau et les risques polluants, les capacités d’infiltration en tête de bassin-versant, les capacités d’atténuation de l’érosion et bien sûr l’adaptation au changement climatique.

Nous demandons que pour tous les captages en eau superficielle destinés à la production d’eau potable, une aire d’alimentation de captage (AAC) soit définie, que des mesures d’interdiction immédiate d’usage des pesticides soient prises sur celle-ci, tout en évitant le recours à la simple substitution, et que les infrastructures agro-écologiques soient renforcées  avec des modes de production agricoles peu polluants tels que l’agriculture biologique.

Renforcer la protection des eaux souterraines destinées à la production d’eau potable

Compte-tenu du temps de latence/réaction des milieux, plus nous agirons rapidement pour réduire l’exposition des territoires aux pesticides, plus tôt l’amélioration de la qualité de l’eau sera visible. Les captages en eau souterraine sont les plus vulnérables au risque de fermeture. Ils disposent en effet plus rarement que les captages en eau superficielle de moyens de traitement pour éliminer la pollution de l’eau par les pesticides. Ils disposent néanmoins d’un avantage : leur périmètre de protection correspond peu ou prou à leur aire d’alimentation de captage.

Revoir et élargir la notion de captage prioritaire

Nous demandons que soit revue et élargie la notion de captages prioritaires (en Bretagne seuls 56 captages sont concernés sur 109 prises d’eau superficielle et 578 captages d’eau souterraine) au regard de la contamination quasi-généralisée de l’ensemble des captages par les pesticides et leurs métabolites.

Investir l’équivalent des coûts des mesures curatives dans les mesures préventives

Ne nous voilons pas la face, des mesures curatives passant notamment par le renforcement des filières de traitement vont être mises en œuvre. En plus d’être coûteuses, ces mesures n’auront qu’un effet temporaire sur la qualité de l’eau distribuée si la qualité de l’eau brute ne s’améliore pas. Elles risquent également d’être insuffisantes à traiter certains polluants.
À noter que selon un rapport de la Cour des comptes traiter une eau polluée par les pesticides revient à 2,5 fois plus cher que de mettre en place des mesures de prévention des pollutions auprès des agriculteurs.

Respecter enfin les objectifs du plan écophyto

Les objectifs de réduction de 50 % de l’usage des pesticides du plan Écophyto n’ont jamais été atteints. Pire, ils ont sans cesse été repoussés. Le rapport « Évaluation financières du programme Écophyto » daté de mars 2021 dresse un bilan complet et très décevant des 14 dernières années consacrées à la mise en œuvre de ce plan. Selon France nature environnement qui a rendu public ce document : « Le rapport fait ainsi état des 643 millions d’euros mobilisés chaque année par la France (chiffre pour 2019) pour atteindre les objectifs de –50%, alors que l’État affiche jusqu’ici un montant annuel de 71 millions d’euros. Malgré ces fortes dépenses, l’usage des pesticides a augmenté de 13% en 10 ans ».

La montée des exigences de qualité concernant les EDCH, va créer une fracture entre les collectivités pouvant se permettre de mettre en place des mesures de traitement très onéreuses et les autres (qui n’auront guère d’autre choix que de fermer leurs captages les uns après les autres, et dépendre un peu plus des grandes compagnies de distribution des eaux).

Pour les eaux distribuées, aller sur le site gouvernemental https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau, entrer sur la carte proposée  la région puis le département et la commune. Tous les captages sont analysés très régulièrement par les ARS : comme  les pesticides, les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le Polychlorure de polyvinyle (PVC), la microbiologie, en gros 200 à 300 paramètres  une fois tous les mois au moins.

ET L’EAU EN BOUTEILLE ?

Nous pourrions évoquer la mainmise de certains grands groupes sur les ressources en eau aux dépends de la population locale pour une eau 100 fois plus chère que celle qui coule au robinet, mais qui est censée être plus « pure », « plus saine », « meilleure pour la santé ».

Alors que certaines entreprises ont fait subir à leurs eaux minérales des traitements non conformes à la réglementation : injection de sulfate de fer et de CO2 industriels, microfiltration inférieure aux seuils autorisés, mais aussi mélanges d’eaux dites « minérales » ou « de source » avec de l’eau… du réseau, celle qui coule au robinet ([36]) 30% en moyenne et 100% pour le groupe Nestlé !

En outre, « L’eau en bouteille n’échappe pas à la pollution généralisée de notre environnement par les plastiques. Une étude a compté près de 240 000 fragments de plastique par litre dans des bouteilles de plusieurs marques. 90 % de ces particules sont des nanoplastiques ‒ inférieurs à 1 micromètre, soit 10 à 100 fois plus fins qu’un cheveu. Or, ce sont potentiellement les plus dangereux, car leur taille leur permet de pénétrer dans le système sanguin et les différents organes du corps, y compris le cerveau et les organes reproducteurs, et d’en perturber le fonctionnement. Mais on ignore encore l’ampleur de leur toxicité »([37])

[1]https://eur-lex.europa.eu/eli/dir/2020/2184/oj?locale=fr

[2] https://www.biodiversite-nouvelle-aquitaine.fr/wp-content/uploads/2022/04/BilanQualitéEauNA2021_ARBNA.pdf

[3]https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/04/24/l-irrigation-du-mais-represente-t-elle-un-quart-de-l-eau-douce-consommee-en-france_6170798_4355770.html

[4]https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2021

[5] https://alerte-medecins-pesticides.fr/ressources/dossier-pe/

[6]https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/eau-potable-en-france-ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-de-l-anses-qui-revele-une-vaste-contamination-aux-residus-de-pesticides_5755724.html

[7] https://www.biodiversite-nouvelle-aquitaine.fr/wp-content/uploads/2022/04/BilanQualitéEauNA2021_ARBNA.pdf

[8] http://infoterre.brgm.fr/rapports/RR-38255-FR.pdf
https://hal.science/hal-01204570/file/C34Vanderwerf.pdf

[9]https://www.eau-et-rivieres.org/nitrates-etat-des-lieux

[10] Algues vertes, l’histoire interdite de Pierre Van Hove (La revue dessinée Delcourt)

[11]https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/bilan_nitrates_2017.pdf

[12]https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau

[13]https://www.eau-et-rivieres.org/pour-une-eau-potable-sans-pesticides

[14]https://www.anses.fr/fr/system/files/LABORATOIRE2022AST0255Ra.pdf

[15]https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/infographies-ce-que-l-on-sait-des-residus-de-pesticides-dans-l-eau-du-robinet-de-milliers-de-communes-et-des-incertitudes-sur-leur-toxicite_5360212.html

[16]https://alerte-medecins-pesticides.fr/ressources/dossier-metabolites/

[17]https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/infographies-ce-que-l-on-sait-des-residus-de-pesticides-dans-l-eau-du-robinet-de-milliers-de-communes-et-des-incertitudes-sur-leur-toxicite_5360212.html

[18]https://www.anses.fr/fr/content/pesticides-dans-l’eau-du-robinet

[19]https://www.anses.fr/fr/content/polluants-emergents-dans-leau-potable-le-point-sur-les-principaux-resultats-de-la-derniere-2

[20]https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32019R0677&from=EN

[21]https://www.generations-futures.fr/actualites/anses-s-metolachlor/

[22]https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/agriculture-on-vous-explique-la-polemique-autour-du-s-metolachlore-cet-herbicide-que-le-gouvernement-tente-de-sauver_5747633.html

[23]https://www.anses.fr/fr/system/files/LABORATOIRE2022AST0255Ra.pdfpage 31et suivantes

[24]https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/cinq-questions-perchlorate-ce-residu-qui-pollue-eau-du-robinet-1723325.html

[25]https://www.inrs.fr/publications/bdd/doc/solvant.html?refINRS=SOLVANT_123-91-1

[26]https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau

[27]https://alerte-medecins-pesticides.fr/ressources/dossier-polluants-eternels/

[28]https://www.anses.fr/fr/system/files/LABO-Ra-Perfluorates.pdf

[29]https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/analyse-des-risques-de-presence-de-per-et-a3658.html

[30]https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/labo-ra-polluantsemergents-t01ra.pdf

[31]https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/article/eau-et-chlorure-de-vinyle-monomere-cvm

[32]https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sur-les-residus-de-medicaments-dans-les-eaux-pnrm-2010-2015

[33]https://www.mdpi.com/journal/ijms/special_issues/environment_reproduction

[34]https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/74/protection-et-gestion-des-eaux

[35]https://www.eau-et-rivieres.org/pour-une-eau-potable-sans-pesticides

[36] https://www.francetvinfo.fr/enquetes-franceinfo/enquete-franceinfo-plusieurs-producteurs-d-eau-en-bouteille-ont-filtre-illegalement-leur-eau-pour-masquer-une-contamination_6333046.html

[37] https://www.quechoisir.org/actualite-eau-en-bouteille-aux-aromes-de-microplastiques-n115362/#:~:text=L%27eau%20en%20bouteille%20n,des%20bouteilles%20de%20plusieurs%20marques.