Lettres d’information de l’AMLP

Lettre d’info n°4 juillet 2017

Bonjour à toutes et tous,

Une fois n’est pas coutume c’est un mot du Président qui fera office de NL…
En quatre années d’existence l’AMLP est parvenue à se faire une (toute petite) place dans le débat national concernant les pesticides et les perturbateurs endocriniens. Grâce à un travail collectif parfois intense, et aussi parce qu’une parole médicale sur les sujets de santé environnementale est aussi rare qu’attendue.
Mais au cas où vous ne vous en seriez pas aperçus, l’aventure reste fragile. Le travail de fond repose sur un trop petit nombre de personnes, alors que l’actualité et des sollicitations toujours plus nombreuses commandent aux membres du bureau un emploi du temps parfois étrange. Rassurez-vous, ni amertume ni ras le bol derrière ces propos : simplement le souci de faire durer l’association et le travail qu’elle a entrepris. Mais aussi de transmettre: il n’est pas bon qu’une action collective s’incarne en seulement quelques personnes, fussent-elles disponibles, et du fait de leur investissement plus ancien, assez au fait de certains sujets.
Cette NL est donc un peu particulière: elle s’inscrit dans la préparation de notre AG qui aura lieu les 7 et 8 octobre à Paris, et qui comprendra pour ceux qui peuvent dégager le temps nécessaire, un temps de formation.
C’est donc l’occasion de faire le panorama des actions engagées, avec comme arrière-pensée, de constituer ou d’étoffer des petits groupes de personnes chargés de les faire vivre. Cela permettra aussi aux nouveaux, qui ne savent pas toujours comment s’inclure dans le travail de l’AMLP, de pouvoir le faire. Cela permet aussi d’avoir une lecture de l’action de l’AMLP: quelles sont les orientations qu’elle défend ? quels sont ses manques? autant de choses à discuter lors de l’AG….
Un mot de la méthode de travail entre nous : comme nous sommes un peu dispersés…il n’existe guère d’autres solutions, en dehors de temps de rencontre indispensables comme l’AG ou les formations (futures), que d’échanger par mails.

Premier axe: la documentation et la biblio.

Indispensable pour suivre l’évolution des connaissances scientifiques concernant les perturbateurs endocriniens (PE) et les effets des pesticides, ce travail nourrit toutes les autres actions. La réalisation par exemple de fiches de synthèse est à organiser avec Michel Nicolle.

La documentation concerne aussi toute l’actualité non scientifique: des dossiers comme celui de Preignac ou Ruelle en sont directement issus par exemple.
Une idée dans l’air serait de constituer une sorte de « conseil scientifique ». Ca fait un peu pompeux, mais ça traduit bien la nécessité d’un petit groupe partageant de la documentation et tentant de dégager sur du moyen terme, les données majeures en terme d’évaluation des pesticides et des PE.

Réduction de l’exposition aux pesticides (travailleurs et riverains):

1) C’est la réflexion autour de la problématique des chartes, chartes qui ont le mérite d’instaurer un dialogue entre producteurs et riverains ou associations environnementales.

Trois « chantiers » en cours:
– la charte signée en mars en Limousin, qui fait un peu office de laboratoire. On commence à entrer dans le vif du sujet: à partir de la liste des produits utilisés par les pomiculteurs, nous devons identifier les plus dangereux (dont PE) puis engager un travail avec eux portant sur la substitution. Ça ne sera pas simple, car au-delà du risque économique, les solutions de substitution exigent sans doute de profondes remises en question du mode de production…Ce qui se joue c’est de savoir s’il est possible ou pas de réformer le système de l’intérieur, ou si là aussi, seules des évolutions à la marge sont tolérées. Autre défi: la question du Bio en priorité dans les zones à proximité des habitations. Joseph MAZE, Dominique GUINOT et moi-même (Pierre-Michel PERINAUD). – Ruelle(Charente) :
Autour de Louis-Adrien DELARUE et Jean-Louis LEVESQUE se structure un mouvement de soutien au maire de Ruelle qui a prononcé un arrêté limitant les épandages, invalidé par le Préfet. Lettre à celui-ci de l’AMLP pour demander une structure de concertation. Ils ont su rassembler autour d’eux une quarantaine de médecins charentais qui sont intervenus auprès de la Préfecture à l’appui du courrier adressé par l’AMLP! Bravo!
– Enfin nous avons été contactés par Valérie Murat (dont le père est décédé d’un cancer lié à l’arsenic) en région bordelaise, car elle souhaite à partir d’un travail avec un technicien viticole proposer aux viticulteurs une liste de produits non CMR. Elle devrait nous en reparler à la rentrée.

2) les études cas-témoin et de biosurveillance en région viticole et arboricole, obtenues à partir de la contestation d’un rapport de l’InVS:
l’AMLP a maintenant intégré le comité de suivi. Michel et Pierre-Michel, Claire COLLINS en embuscade.

3) concernant les professionnels :

Faute de temps, de motivation, de réponse du côté de Phytovictimes (PV) notre interpellation de l’Anses (en commun avec PV et Générations Futures) concernant le rapport sur l’exposition des travailleurs agricoles est restée au point mort depuis septembre 2016. Brigitte NAZEYROLLAS, Christine FASQUELLE, Michel et Pierre-Michel avaient travaillé dessus. Faut-il relancer l’affaire ? Prendre le temps de consulter PV ? Ce rapport pointait nombre de carences du procédé d’évaluation des pesticides pour les AMM. Il constitue, même s’il manque de propositions concrètes, un coin enfoncé dans le ronron de l’évaluation de l’Anses si…..quelqu’un s’en saisit.

Maladies Professionnelles

A la demande de la veuve d’un pomiculteur, en coopération avec Phytovictimes, nous avons travaillé sur un dossier de reconnaissance en MP (biblio sur le lien cancer du rein et pesticides, puis recherche de préparations contenant du benzène parmi celles qu’a utilisé ce pomiculteur car le lien benzène-cancer du rein est établi). L’intérêt est double :
– aider cette personne même si la reconnaissance en MP sera difficile (maladie hors tableau, recherche de benzène onéreuse vu le nombre de produits en cause)
– montrer la présence de benzène dans certaines préparations, serait l’occasion de remettre sur la table la question des co-formulants qui ne sont pas déclarés dans la composition des produits par les industriels (ici au détriment des utilisateurs en cas d’intoxication) : cf chapitre précédent…
Michel, Joseph, Carine GIUNTI et Pierre-Michel

 

– notre appel : le nombre de signataires continue d’augmenter régulièrement.
– formation : le besoin en avait été souligné lors de la dernière AG, une première session aura lieu le 7 octobre à Paris à l’espace Kellerman, à partir de 10H et jusqu’à 18H.Réservez cette date et n’oubliez pas de confirmer votre venue à Jean et BrigitteContacts : jmaclouf@club-internet.fr, brigitte.nazeyrollas@free.fr
Les détails vous seront communiqués ultérieurement.
– communication:
Le site est sous la responsabilité de Joseph Mazé
Facebook: Cécile STRATONOVITCH et Brigitte. Efficacité incontestable qui nous a permis d’envahir la boite mail du DGS en février et d’obtenir une date de réunion attendue depuis des mois en…deux jours !
Le porte-parole de l’association, PM (Pierre-Michel): contacts presse (une quinzaine d’itw par la presse nationale depuis le début de l’année), et 2 articles dans la revue Pratiques(Christine et Michel).
trésorier : jean MACLOUF

– interventions lors de débat publics: Brigitte (Cancérologie Reims), Michel (alimentation et reprotoxicité, Caen), Paul (sud-est?), Cécile (Toulouse), Joseph et PM (Limousin, Poitou-Charente, Bordelais), Jean-Louis Lévesque, Philippe Piazza, Xavier Larvor (sud-ouest) ont assuré pas mal de débats publics ou d’interventions type procès de faucheurs d’OGM. Jean-François DELEUME constitue un relais pour la Bretagne, mais avoir des correspondants couvrant plus de régions (en particulier la région parisienne) serait d’une aide incontestable.

– des actions s’annoncent sur l’alimentation : participation à 2 conférences (avec Marc Dufumier, festival alternatives alimentaires) et un article en préparation par Michel dans Médecine et enfance. Enfin à l’heure où j’écris il n’est pas impossible, que nous participions aux Etats généraux de l’alimentation…

Les PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

La campagne lancée en mai 2016 peine à décoller : nos objectifs étaient d’une part de lancer une action de formation des médecins sur les risques chimiques pendant la grossesse (et particulièrement sur les PE), et d’autre part en montrant que les médecins s’intéressent à cette question…., de jouer les colibris pour faire pression sur les pouvoirs publics (absence de réglementation sur les PE, absence de politique préventive). Curieusement c’est cette partie qui a le mieux marché: le relais médiatique a été conséquent et nous a permis d’alimenter le bruit de fond sur cette question. Sauf lors de notre dernière initiative – l’interpellation des ministères (Santé et Ecologie) sous forme d’une lettre ouverte en commun avec l’AMSES (de Martinique avec laquelle nous avions lancé l’appel initial de 2013) et l’ASEF – concernant la position française lors du vote par rapport à la proposition de définition des PE par la CE le 4 juillet. Seul le Généraliste et l’Humanité s’en sont fait l’écho pour le moment.

Quant à l’affiche et aux outils à destination des couples désirant un enfant, leur diffusion se fait (très) doucement, des formations en direction des MG ont bien eu lieu mais en nombre assez restreint (Limousin, Toulouse, Bergerac, Albi, Montpellier); enfin des contacts ont été pris avec l’URPS Nouvelle Aquitaine, et l’ARS (via ma participation au Groupe de Travail Santé-environnement de la Conférence Régionale de Santé de Nouvelle Aquitaine).

Les idées dans l’air pour 2017-2018 seraient donc :

– d’obtenir une plus large diffusion via des formations organisées en partenariat avec les URPS et/ou l’ARS en Nouvelle Aquitaine (bon point ils affichent notre campagne sur leur portail santé environnement) et/ou MGForm
– de répondre aux demandes exprimées en URPS Occitanie, voire en Normandie.

– de diffuser dans d’autres réseaux: proposition de réalisation d’une seconde affiche à l’intention des couples ayant déjà un enfant, et d’une action en direction des réseaux pédiatriques (Jean-Yves, Carine)
– quid du suivi du PNSE3: c’est Michel qui s’y collait jusqu’à présent. Il a suivi le volet formation des médecins, pour quel intérêt?

Un petit groupe de personnes se sont déclarées intéressées: Maryse FIORENZA, Julie PROUZERGUE, Dominique GREVET et Dominique MALGRANGE, Emilie LABOURET, Anne-Catherine FRESSINAUD et Anaelle (sage-femme), mais avec des disponibilités très variables. Au passage point n’est besoin d’habiter en Nouvelle Aquitaine pour se rattacher à ce groupe: une action est engagée dans cette région, mais elle peut se décliner ailleurs, autrement…

Des actions sont restées en friche, en particulier une, importante à mes yeux, la remise en cause des AMM:

Nous avons simplement pris le train en marche de l’Initiative Citoyenne Européenne « Stop Glyphosate ». On était quand même dans les cinq premières associations françaises pour son lancement. Je ne reviens pas sur ce qu’est une ICE mais je souligne simplement qu’au-delà de l’opposition au renouvellement de l’AMM du glyphosate, nous demandons une remise à plat du mode d’évaluation scientifique des substances (les études qui sous-tendent l’agrément européen des pesticides doivent être commandées par les pouvoirs publics, et non par l’industrie chimique, et nous appelons l’UE à fixer des objectifs européens et contraignants de réduction de l’usage des pesticides). Le million de signatures a été dépassé en un temps record ce qui casse le tête-à-tête habituel entre la Commission Européenne et les industriels. A suivre.

Bref, si l’AMLP a une utilité nous parviendrons bien à faire vivre ce réseau de médecins, assumant chacun selon ses disponibilités, sa part du « travail ». Mais nous avons besoin, d’échanger entre nous, de nous rencontrer, pour sentir qu’il s’agit d’un combat collectif. C’est pour cela que les journées des 7 et 8 octobre sont si importantes!

En attendant, bon été.

Pierre-Michel   1er juillet 2017